La verticalisation géographique des SNS

février 28th, 2008 · No Comments ·


J’adore ce schéma publié sur le site lemonde.fr, il montre en image le 1er niveau de verticalisation / segmentation des réseaux sociaux. La majeur partie de ces SNS, social network services, sont des outils souvent crées dans une optique très horizontale. Leur idée est très simple, recréer les liens sociaux du monde réel sur une seule et unique plateforme. Ce schéma montre une fois de plus que leur rêve se fait rattraper par la réalité et que dans la vrai vie les communautés ne se mélangent pas.

Pour moi le meilleur exemple, celui que j’utilise systématiquement pour argumenter mes propos, est celui d’Orkut. Le réseau social du géant Google, le SNS qui devait foudroyer les MySpace et autres Facebook, est aujourd’hui peuplé à 80% de brésiliens 🙂 Lors de ma visite chez Google le mois dernier j’ai posé la question, la réponse a été du style: « Quand on a lancé le service là-bas ça a tout de suite cartonné dans les universités brésiliennes, et maintenant on a le 1er réseau social au brésil, point final ». Bref une joie mitigée, Google n’est pas du genre à développer des produits uniquement pour une niche géographique.

Je connais très bien ces données car je les avais déjà étudiées dans mon mémoire de fin d’étude l’an dernier. Et je vais donc aller plus loin dans l’analyse de ce schéma. Tout d’abord le titre est faux. « A chaque continent ses préférences » devrait être remplacé par « A chaque communauté ses préférences » ou encore par « A chaque tribu ses préférences » pour faire plaisir à Michel Maffesoli. Il suffit de jeter un oeil en Europe pour s’en rendre compte. Bebo est très majoritairement peuplé par des Irlandais et pourtant leurs voisins anglais sont tous sur Facebook. Traverser la manche vous êtes sur skyblog, passer les alpes c’est MySpace et au delà des Pyrénées Hi5. Ce schéma ne reprend que les 9 réseaux les plus populaires en termes de trafic, j’en ai personnellement étudié 22 et la verticalisation volontaire ou involontaire semble inévitable.

Mais le critère géographique n’est que le 1er paramètre de segmentation. Les SNS, ou comme j’aime à les appeler, les portails verticaux, sont encore très jeunes, et le 1er réflexe des internautes est tout d’abord de se rassembler autour d’une valeur commune forte, la langue puis l’appartenance à un pays. Mais lorsqu’on étudie de façon plus précise les pays précurseurs, ceux qui utilisent ces services de façon massive depuis maintenant 3 ans, on s’aperçoit que de nouvelles segmentations ont lieu. Aux Etats-unis, Danah Boyd a démontrée dans ses travaux de recherche que Facebook et MySpace hébergent des classes sociales très différentes. Même si beaucoup d’américains ont un compte sur les deux sites, leur communauté principale se trouve sur l’un des deux. CommunityConnect est aussi un bon exemple, ils éditent des réseaux sociaux pour les communautés américaines suivantes:

  • BlackPlanet (afro américain) – 16.5 millions de membre
  • MiGente (ispanique) – 2.8 millions de membre
  • AsianAve (asiatique) – 30.000 membres

Et il ne faut surtout pas croire que les utilisateurs sont prisonniers des réseaux. Le passage de MySpace à Facebook d’une partie des utilisateurs s’est déjà produit une fois, de nouveaux « shift » peuvent encore se produire, et surtout quand des projets comme DataPortability seront implémentés.

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