J’ai eu la chance d’assister la semaine dernière à une conférence de Michel Maffesoli sur la morale et l’éthique.
Sa présentation était passionnante, sociologique, presque philosophique. Il a exposé pendant prêt de 3h les changements de sociétés s’opérant actuellement. Son argumentation sur l’évolution de notre société se basait à la fois sur l’analyse de l’histoire, reconnaissant des cycles historiques, ainsi que sur des exemples concrets de la vie de tous les jours. Il a expliqué très clairement comment notre imaginaire conduisait l’évolution de notre société. Nous rêvons actuellement de vaisseaux spatiaux dans Star Wars ? Allons-nous créer dans quelques années les premiers X-Wing ?
Quel est le rapport avec ce blog ? J’y viens… Dans la dernière demi-heure de son allocution Michel Maffesoli nous a expliqué comment notre société est entrain de se diviser en tribus (suivant des éthiques différentes) mais partageant des valeurs et une morale commune. Exemple ? Les gothiques, les punks, etc…
J’ai participé à la séance de questions suivant son intervention et j’ai mis sur la table le sujet des communautés Web. J’ai été très surpris (mais au final pas tant que ça) sur son niveau de connaissance sur le sujet. Un cout de diffusion de l’information réduit à zéro a permis à des individus séparés géographiquement mais appartenant à la même « Tribu » de se rencontrer, d’échanger, de communiquer, bref « de se réaliser ». La multiplication des communautés est donc un phénomène sociologique qui a démarré bien avant l’émergance du web et qui a vocation à se poursuivre dans le temps. Michel Maffesoli s’est abstenu de toute prévision ou vision pour le future. Personnellement j’ai ma petite idée 🙂

Dans un tout autre registre: le Web 2.0 Summit vient de démarrer à San Francisco. Le titre cette année: « Discovering the Web’s Edge » qui signifie « A la découverte des limites du web ». A suivre tout particulièrement l’annonce de Nova Spivack qui aura lieu vendredi. J’en ferais une analyse complète dimanche.

Je viens de rendre mon mémoire de fin d’étude qui clôture enfin mon master à Oxford Brookes. Ce mémoire s’attache à démontrer les besoins courants et futures des portails verticaux. Un portail vertical étant un site web fournissant un point d’accès à l’information relative à une communauté spécifique. Mes recherches m’ont amené à étudier les évolutions du web, fonctionnelles et technologiques, le comportement des internautes, ainsi que les communautés actuelles. Mon mémoire fait 47 pages et est téléchargeable ici. Une version wiki est également en ligne.

A la fin de mon mémoire j’ai effectué une brève analyse de quelques portails horizontaux et verticaux. Je les compare avec les critères soulevés pendant mes recherches. Voici le tableau récapitulatif:

L’actualité des derniers jours corrobore mon sentiment des derniers mois: Facebook fait fausse route. Ses erreurs sont à la fois au niveau de son positionnement et de ses choix technologiques. Facebook est le meilleur portal pour les étudiants en étude supérieur, c’est un fait. Mais ou est sa légitimité à s’attaquer à de nouvelles niches ? A toutes les niches ? L’avenir est pourtant dans le vertical. « The mass market is turning into a mass of niches » déclare Chris Anderson dans son livre référence The Long Tail. Facebook croit pouvoir fournir un service à toutes les communautés grâce à ses widgets, je pense que c’est une erreur. Créer un portail vertical c’est créer un service adapté à une communauté. Même si la personnalisation des services et de l’interface est poussée au maximum il me parait impossible de créer une application de qualité pour toutes les communautés.
Pire, Facebook se met en danger, il pourrait se produire un nouveau « shifting » vers un nouveau portail uniquement spécialisé pour les étudiants avec des services et une interface plus adaptée (avec par exemple des cours en ligne, des services pour les associations d’élèves, etc…).
De plus, cette verticalisation est à la fois communautaire et géographique. Orkut est constitué à 70% de brésiliens, Cyworld est coréen, Bebo pour les irlandais, etc…
Que se passera-t-il le jour ou un portail créera un service pour les étudiants des grandes écoles françaises ?
La thèse du « tout le monde est sur Facebook » donc j’y vais aussi ne tient plus. Les américains étaient déjà sur MySpace (très horizontal) et pourtant une partie de la communauté a migré sur Facebook.
Ces phénomènes vont d’autant plus s’accentuer qu’il devient de plus en plus facile de migrer d’un portail à un autre. S’authentifiant avec un compte unique (OpenID) et important ses contacts en 1 clic (FOAF, contacts mails, etc…).

Pour moi la deuxième erreur majeur de Facebook est technologique. Facebook n’est pas une société novatrice porteuse d’une vision. Je vous rappel que le site a ajouté très récemment le bouton « Se souvenir de moi ». Une fonctionnalité pourtant présente sur la majorité des sites. J’ai lu sur le blog français le plus visité (je ne donne pas de nom) que Facebook était novateur car ouvert… Heuu, ouvert ? Facebook ? On parle bien d’un site ou il faut s’inscrire pour consulter une page ? D’un site ou les widgets sont développés uniquement pour une plateforme sans aucune possibilité de portabilité. D’un site ou il n’y a pas d’API externe et pas de flux RSS. D’un site ne respectant pas les standards et l’accessibilité. Bref, Facebook est loin d’être un model technologique et très loin d’être novateur. Je préfère très largement PeopleAgregator même si le produit est encore très expérimental.
L’avenir des portails communautaires est clairement ouvert et vertical. Facebook est-il capable d’un changement de cap ? Pas si sûre…