Démocratique, un autre nom pour le web que j’aime

décembre 23rd, 2008 · 2 Comments ·

J’aime toujours autant internet.  Il y a 5 ans j’aurais pu choisir de devenir DBA, expert Cisco ou Microsoft. Etre payé 40K en sortie d’école, voiture de fonction, et vie de fonction. Mais voila, j’ai découvert le web puis l’entrepreneuriat, et je suis tombé accro. A 20 ans, difficile d’expliciter ce qui m’attirait vers internet, je me disais simplement : « Je veux avoir les compétences techniques de diffuser un message à la planète entière ». A cette époque j’avais même une pointe d’idéologie, un doux rêve : « Faciliter la communication entre les hommes pour une meilleurs compréhension des différences, plus de paix ».

Les années sont passées et je pense que cette conviction reste encrée quelque part en moi. Rêver c’est important, je le fais peut être encore trop… Mais est-ce vraiment ma faute ? Car malgré les réalités de la vie, les luttes de pouvoir et les réticences au changement, chaque jour les évolutions du web m’obligent à croire qu’un monde meilleur est possible. Why not ? Et merde je me suis remis à rêver…

Depuis mon master à Oxford, je me balade sur internet à la recherche de traces, d’indices, des prémices d’un nouveau web … Sans pour autant mettre les bons mots aux bons endroits, sans pour autant expliciter les mutations que je découvre, je me suis crée petit à petit un ensemble d’éléments cohérents qui joueront un rôle dans le web de demain. Je n’ai jamais pris le temps de structurer et mettre par écrits ces innombrables petites choses, c’est plus facile de rester spectateur et éviter ainsi de plonger trop profondément dans des sujets qui me dépassent. Sociologie, anthropologie, média, propriété intellectuelle, sciences informatiques, beaucoup trop de disciplines qui sont au cœur du web d’aujourd’hui, et qu’il faudrait maitriser pour en faire une synthèse cohérente. C’est peut être pourquoi personne ne sait réellement ce qu’est le web de demain, et pourquoi certains déclarent que le web est une science en tant que tel.

A défaut de pouvoir réaliser une synthèse aujourd’hui, voici quelques micros sujets, micros expériences, qui ont retenu mon attention. Pas de liste exhaustive, pas de commentaires ou de réflexions, seulement les grandes thématiques qui m’ont intriguées.

Communauté et réseaux sociaux

Creation de Kestudy en 2004, pour les étudiants, par les étudiants ! Même si l’exécution du projet était à chier, la vision était la bonne. J’approfondis le sujet à Oxford en faisant un mémoire de fin d’étude sur le sujet. J’y découvre la structure des réseaux sociaux aux Etats-Unis, leur segmentation, je lis et relis Danah Boyd. J’arrive à l’ESCP et atterrie complètement par hasard à une conférence de Michel Maffesoli, ses tribus recoupent les constatations de Danah Boyd… interesting, mais pas le temps d’approfondir le sujet… Orkut reste à 80% Brésilien, BlackPlanet continue sa croissance, tout ce passe comme prévu. Mais encore une fois, manque de temps pour suivre ce sujet passionnant… en écrivant cet article je m’aperçois que j’ai loupé le rachat de community connect par Radio One.

Voila ce qui a retenu mon attention. Les communautés (ou tribus) se renforcent grâce au web et à ses nouveaux moyens de communication. Ces communautés (d’intérêt, ethnique, peut importe…) sont renforcées, structurées et donc moins influençables, moins contrôlables. Ces communautés ayant des modes fonctionnement et de communication qui leur sont propres ont tendance à devenir autonomes d’un point de vu médiatique. Mais il ne faut pas croire que les différentes communautés sont isolées, difficile de s’isoler du reste de la toile… Il existe des passerelles entre chacune d’elles, elles se parlent, se transforment, et parfois bougent d’un site à un autre.

Web sémantique et diffusion des données

La lecture de « Weaving the web » et la traduction de « Steal this film II » m’ont amené dans un état d’extrémisme total concernant les droits d’auteur et la diffusion du savoir sur internet. Il s’agit d’un cocktail particulièrement explosif. D’un côté les travaux de TBL et Nova Spivack montrent comment transformer le web en une base de données géante et ouverte avec tous les bienfaits que cela engendre (éradiquer toutes les maladies de la planète c’est peut être un peu gros quand même). Et de l’autre côté toute la communauté P2P vous explique que partager est encré profondément dans nos gènes et qu’internet est une opportunité incroyable pour développer la créativité, car la base de connaissances / matière première y est illimitée. Dans quel état mental je suis actuellement ? Partageons, partageons, partageons, et si possible dans un format structuré 🙂

Est-ce qu’on peut en conclure quelque chose ? Oui.
Que c’est la merde pour les industries qui fonctionnent autour de la propriété intellectuelle et dont le contenu est facilement numérisable. Que nous sommes qu’au début des phénomènes dit de « buzz ». Mais qu’en réalité il s’agit simplement du processus naturel de diffusion de l’information. Information qui sera traduite, modifiée et analysée avec différents prismes. Que le Peer-to-peer est une tendance à long terme et il faudra se souvenir dans 10 ans que les utilisateurs de ces réseaux étaient appelés autrefois pirates. Que le web n’en est qu’à sa première version, et que les technologies permettant de mieux structure l’information arrivent à maturité. Que ceux qui ont réussi à construire des silos d’information ne sont pas prêt à lâcher prise.

Démocratisation du web

Ma dernière trouvaille. Principalement chez Cratyle et dans ce très bon billet de Narvic. Où comment le web change notre société et révèle la vraie nature de la démocratie. Une fois réalisée que la politique et les médias sont deux éléments indissociables (je pensais bêtement que les anciens médias étaient un contre pouvoir), on mesure mieux les impactes du web sur ce que sera la politique de demain.

« La manière dont Barack Obama a mené sa campagne électorale, et la façon dont il a mobilisé internet pour court-circuiter les medias mainstream, les mass medias, est probablement plus importante pour l’avenir que le fait qu’il soit le premier président non-banc des Etats-Unis. »

Diffusion de masse vs messages segmentés, top-down vs bottom-up, one-to-many vs many-to-many, nous ne sommes plus vraiment dans les discours théoriques. C’est bel et bien la réalité. Obama a levé 200 millions de $ sur internet et la(les) communauté(s) qu’il a crée lui confère une légitimité et un capital sympathie pour le long terme. Il suffit de jeter un œil aux compteurs de ses vidéos hebdomadaires pour s’en rendre compte : l’engouement est toujours présent. Et il est tout à fait possible que ce ne soit pas seulement une campagne hors normes mais aussi une présidence hors normes. Pas forcement en termes de résultats, mais très certainement en termes de communication et d’utilisation des médias.

«Il est parvenu par internet à établir un lien direct avec la population pour organiser une mobilisation électorale qui est réellement la première expérience politique post-médiatique. Les médias n’ont été pour lui qu’un outil de propagande dans lequel il a déversé des millions de dollars de spots publicitaires. Mais la place publique, là où s’est réellement produite la « cristallisation » des opinions autour de sa candidature, était sur internet et plus dans les médias. »

Comment s’effectue cette cristallisation? Y’a-t-il un catalyseur? Est-ce une manifestation de la sagesse des foules ? Peut être que Narvic a la réponse…

« Au point qu’on en vienne à redouter la disparition pure et simple d’un lieu social commun, de la place publique commune. L’information personnalisée ne créée plus cet espace social commun. Les internautes partagent beaucoup d’information en ligne, internet est lieu d’interactions sociales massives, mais tout cela se fait de manière de plus en plus fragmentée, individualisée. Plus personne d’ailleurs ne contrôle désormais le phénomène de « cristallisation », qui se produit toujours, mais de manière plus imprévisible… »

Ah bah non en faite, on n’est pas plus avancé 😉

Ce que je trouve particulièrement intéressant dans les billets de Cratyle et Narvik (outre les découvertes de nouveaux mots dans la langue française) est leur analyse des anciens médias, et du transfère de pouvoir qui est entrain de s’effectuer. Le pouvoir de définir ce qu’est une actualité, le pouvoir de définir ce qu’est la politique, le pouvoir de définir ce qu’est la démocratie.

Et voila un nouveau sujet que je prendrais plaisir à traiter. Comme j’ai eu plaisir à écrire les derniers 118 billets de ce blog. Partageant avec vous mes découvertes, mes points de vue, mes maigres réflexions et mes fautes d’orthographe.

J’en profite pour te souhaiter de bonnes fêtes, gentil lecteur. Bonne année à toi.

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